Merci à Décideurs Juridiques et Ilona Petit, pour ce bel article sur le concours de la médiation commerciale.
Ce jeudi 27 mars a eu lieu la finale de la seizième édition du concours de la médiation commerciale. Organisé par le CMAP en partenariat avec plusieurs cabinets parisiens, le concours invite les étudiants participants à jouer les entremetteurs dans le cadre d’une médiation fictive.
C’est dans les locaux de Latham & Watkins, l’un des partenaires de l’événement, que s’est déroulée la finale du concours de médiation organisé depuis seize ans par le Centre de médiation et d’arbitrage de Paris.
Jeu de rôle
Les deux finalistes, Nora Benhamla, élève-avocate à Lille (Ixad,) et Florence Donio, étudiante en préparation du barreau (Capavocats), se sont affrontées tour à tour en se prêtant au jeu du médiateur dans le cadre d’un conflit commercial imaginé par Étienne Iris, ingénieur retraité reconverti en médiateur au CMAP.
Interprétées par des médiateurs du CMAP, ici, Faiza Alleg Dolivet (avocate et médiatrice) et Gabriel Touchard (secrétaire général et directeur juridique, éthique et compliance d’une entité offshore wind d’Engie), les deux parties au litige donnent le ton de la représentation, avec parfois des remarques teintées d’ironie, qui font rire l’auditoire. C’est une histoire de porte mal posée qui déchirait pour de faux deux dirigeants d’entreprise bretonnes, l’un reprochant à l’autre un dommage survenu lors du transport de ladite porte quand le second niait toute responsabilité dans la survenue de cette malfaçon et réclamait le paiement du solde de sa facture.
Impartialité, confidentialité, respect mutuel : les ingrédients d’une médiation réussie
Le rôle des apprentis-médiateurs ? Rétablir la discussion entre les deux protagonistes, en respectant les différentes étapes de la médiation : accord sur le désaccord qui réunit les deux parties, reconnaissance mutuelle des points de vue, éventail des solutions envisagées et accord sur les solutions, bien que ce dernier point ne soit pas un critère de réussite de l’épreuve.
“Le rôle du médiateur n’est pas du tout de trouver une solution au conflit, rappelle Etienne Iris. Il doit permettre de faire progresser la discussion sans jamais donner son avis ou apporter de conseils juridiques.”
Les candidates devaient garder l’œil sur la montre pour respecter le délai imparti d’une heure, un temps de parole équivalent pour chacune et reformuler les propos des parties, le tout en respectant les principes de confidentialité et d’impartialité inhérents à la médiation.
À l’issue des deux saynètes, interprétées deux fois d’affilée pour permettre aux finalistes de révéler leurs talents, le jury, composé de Djazia Tiourtite (Bird & Bird), Fabrice Fages (Latham & Watkins), Vanessa Benichou (King & Spalding), Isabelle Balestra (directrice juridique de Bouygues Construction), tous médiateurs agréés du CMAP et Bérangère Clady (directrice du pôle Mard du CMAP), a rendu son verdict. Il s’est laissé convaincre par l’équipe lilloise, représentée en finale et en demi-finale par Nora Benhamla, qui remporte le premier prix. Sa coéquipière Caroline Groult avait permis au duo de se qualifier pour l’avant-dernier round du concours la veille. Venues avec plusieurs camarades de l’école des avocats du Nord-Ouest, les deux étudiantes soulignent l’aspect avant tout “humain” de la médiation. “Avec la médiation, on prend de la hauteur sur le conflit et on rend les parties actrices de leurs solutions” souligne Nora Benhamla, qui confie que l’expérience a été une “révélation”. Et ça tombe bien : en tant que lauréate, elle remporte avec sa coéquipière une formation de soixante-quatre heures à la médiation interentreprises dispensée par l’Institut 131.
“La médiation devient un réflexe aujourd’hui”
Sur le deuxième et troisième marche du podium, Florence Donio et Clémence Denis (Capavocats) et Marc Domec, Pierre Feuillat, Alessia Hien et Charlotte Rucosa (Hedac) repartent avec un stage dans l’un des cabinets partenaires du concours (Bird & Bird, Clifford Chance, Fidal Avocats, Hoche Avocats, King & Spalding, K&L Gates, Latham & Watkins).
Pour Natacha Simonet, avocate et coach de l’IXAD lors de la préparation du concours aux côtés de Florence Lefebvre-Auber (avocate et médiatrice), le concours est avant tout l’occasion “de donner de la visibilité à la médiation”. L’avocate souligne également l’intérêt croissant des étudiants pour la matière, qui ne représentait que “deux lignes dans un cours de droit des affaires il y a quelques années” ironise-t-elle.
Les étudiants ne sont pas les seuls à s’intéresser aux Mard, comme en témoigne les 400 dossiers et plus passés devant le CMAP en 2024. Parmi eux, 70 % aboutissent à un accord. “La médiation devient un réflexe aujourd’hui, commente Bérangère Clady. Si la médiation judiciaire reste majoritaire, la médiation conventionnelle gagne largement du terrain.”
Ce vendredi 28 mars, la première édition des États généraux de l’amiable – une journée consacrée aux nouvelles stratégies de l’avocat, entre conférences et ateliers pratiques – organisée par le CNB affichait complet. Preuve s’il en fallait que la médiation a encore de beaux jours devant elle.
